Comment optimiser la vitesse des chevaux de course ?

À travers un article scientifique publié le 2 décembre 2020 dans la revue PLOS One, la mathématicienne Amandine Aftalion (Centre d'analyse et de mathématique sociales - Cams) analyse les performances hippiques de manière à déterminer la meilleure stratégie pour remporter une course de chevaux.

Pour ce faire, Amandine Aftalion et Quentin Mercier, ingénieur de recherche à l’EHESS (projet financé par l'Agence pour les mathématiques en interaction avec les entreprises et la société (Amies)), ont recueilli les données GPS et de vitesse, fournies par France Galop et mesurées au moyen d'un appareil de tracking de la société McLloyd, d’une douzaine de courses à l’hippodrome de Chantilly, au nord de Paris. Leur modèle compare trois types de courses : une courte (1300 mètres), une moyenne (1900 mètres) et une plus longue (2100 mètres). Outre les distances à parcourir, il prend également en compte la taille et l’angle des courbes de la piste, ainsi que les frictions pouvant impacter les performances des chevaux.

Cette étude permet par conséquent de comprendre l'évolution de la VO2 (l’aérobie) et de l'énergie anaérobie le long d'une course, des éléments qui n'étaient jusqu’alors pas mesurés ou connus pour les performances hippiques. L’observation précise des données récoltées démontre l'influence des paramètres physiologiques sur la performance. Ainsi, un cheval dotée d’une VO2 (capacité aérobie, provenant de la respiration et qui est limitée par le débit maximum d'O2 que l'on transforme en énergie) plus élevée court à une vitesse moyenne plus grande, mais met plus de temps à l'atteindre, ce qui fait qu'il peut se faire doubler au début. La capacité anaérobie (qui vient de la transformation des sucres et qui a un stock limité), elle, permet d'accélérer très fort en début de course, mais, à trop l’utiliser, le cheval risque à l’inverse de finir la course en ralentissant beaucoup. En d'autres termes, un cheval avec une capacité anaérobie plus faible suivra la course tout du long, mais avec une vitesse en forte diminution en fin de course. De même, une importante force de propulsion joue surtout au début (pour démarrer fort) et à la fin (pour atteindre la ligne d'arrivée) mais fait la différence dans les virages. Au contraire, un cheval avec une force de propulsion plus faible ou bien une économie de course plus élevée sera très affecté par les virages.

Dans la continuité des précédentes recherches d’Amandine Aftalion et d’Emmanuel Trélat (Laboratoire Jacques-Louis Lions / Sorbonne Université) sur la meilleure forme à donner aux stades olympiques pour améliorer les performances au 200 mètres, ce travail pourrait aider à mieux comprendre comment dessiner les hippodromes selon le type de course que l’on souhaite : difficile, tactique ou, au contraire, moins sélective. Et, in fine, à optimiser les performances des chevaux de course.

À présent, Amandine Aftalion et Quentin Mercier espèrent pouvoir trouver un sponsor désireux de financer l'écriture d’une application déterminant les performances hippiques à partir de leur modèle mathématique.