Antonin Pottier est maître de conférences de l’EHESS. Ses recherches portent sur les aspects socio-économiques du changement climatique. À l’occasion des 50 ans du Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (Cired), Antonin Pottier a dirigé l’ouvrage Concilier économie et écologie (Presse des Ponts), regroupant les textes marquants du laboratoire publiés entre 1972 et 1997.

Pourquoi publier un tel recueil aujourd’hui ?

Pour les 50 ans du Cired, nous voulions faire un bilan d’étape et porter un regard rétrospectif sur les réalisations de la première période. Ce recueil permet de mieux faire connaître des contributions majeures sur les liens entre économie et environnement. On peut le voir comme une brique sur laquelle bâtir, destinée à la nouvelle génération de chercheurs et d’étudiants. Dans un contexte où le grand public s’intéresse en de plus en plus aux questions écologiques, le livre apporte également une profondeur historique, car les questions écologiques ont été traités précocément par le Centre et d’une manière qui peut toujours alimenter le débat public contemporain.

Quels sont les grands thèmes abordés dans ce recueil ?

Le lecteur retrouvera les grands débats autour de la notion de développement et de croissance, en lien avec les travaux du Club de Rome et l’irruption de l’environnement dans les rapports Nord / Sud. Le Cired, à travers son fondateur Ignacy Sachs, propose une voie originale, celle de l’écodéveloppement. D’autres thèmes y sont abordés comme les rapports entre la pauvreté et la pollution, la stratégie industrielle du nucléaire, l’obsolescence programmée, la notion de nature, les univers controversés, etc. Il est également question du changement climatique, ou de l’effet de serre comme on disait à la fin des années 1980. Cette problématique fait l’objet de nombreuses contributions qui ont conservé toute leur pertinence.

Parmi toutes les contributions du Cired de ces cinquante dernières années, comment avez-vous procédé pour faire ce choix ?

Il n’a pas été simple de concrétiser un tel projet. Au début, nous avions une liste de 130 contributions majeures du Centre dans ses 25 premières années. Puis, avec la crise du coronavirus, nous avons été confrontés à de nombreuses difficultés pour accéder à des documents d’archives. Il nous a fallu par la suite faire un tri pour aboutir aux 22 contributions et 350 pages que font ce recueil.  Ce long travail a néanmoins été enrichissant parce qu’il nous a permis d’établir une généalogie intellectuelle, une filiation entre les thèmes traités aujourd’hui par le Cired et ceux traités