L’aventure collective du « Dictionnaire dynamique des faits religieux »

Le Dictionnaire des faits religieux, publié à l’automne 2010 sous la direction de Régine Azria et Danièle Hervieu Léger, avait été préparé en séminaire, et c’est en séminaire qu’il s’est poursuivi de 2011 à juin 2016, sous l’appellation Dictionnaire dynamique des faits religieux. Cette suite avait pour objet de prolonger l’aventure collective en la revisitant dans ses manques et ses approximations, en proposant de nouvelles entrées, ou en en reprenant d’anciennes. « Dynamique » voulait dire « numérique » en ce sens que l’accès à ces ajouts et reprises devait se faire en ligne, ce qui est d’ailleurs le cas, le fruit du travail accumulé étant offert à tout lecteur qui en fait la demande. Mais la « dynamique » en question n’a été pensée que comme une étape d’un cheminement plus long menant vers la seconde édition papier du Dictionnaire des faits religieux attendue à l’horizon 2017-2018.
Une partie de la relance est venue de nouvelles et jeunes énergies, à l’occasion du forum organisé en juin 2012, où un certain nombre de jeunes docteur(e) s sont venu(e) s présenter des entrées inédites ayant vocation à s’agréger au Dictionnaire dynamique. Pour le reste, c’est-à-dire les notices au centre des discussions de séminaires, le plus dur restait bien sûr à faire, et le programme des nouvelles entrées s’est révélé ardu. Fallait-il penser à une notice « économie », mais de quelle amplitude ? Économie au sens classique du terme, pour prendre la mesure du « marché » religieux, du religieux entrepreneurial ? Ou « économie » au sens chrétien ancien d’organisation globale du créé ? Après avoir traité l’entrée « texte », devait-on retenir une entrée « littérature » ? Mais encore fallait-il maîtriser la question épineuse des « champs », de leur articulation (par exemple l’épopée et la religion en Grèce ancienne), de leur distinction en régime moderne avec la constitution d’un champ littéraire autonome. Sans oublier d’aborder le problème des rapports littérature/religion en contextes, dans des aires et des histoires culturelles considérées pour elles-mêmes : quel sens peut-il y avoir à qualifier la littérature de « juive » ou de « chrétienne », ces deux « contextes » n’étant que le point de départ d’une exploration appelée à s’étendre à d’autres religions et à d’autres aires culturelles ? Certains choix d’entrées nouvelles se sont imposés un peu d’eux-mêmes, quitte à être retouchés par la suite, comme « excommunication » devenu « exclusion » par souci de déchristianiser au maximum les notices.
Parallèlement se sont organisés des ateliers « traduction » du Dictionnaire des faits religieux. Les entreprises de traduction/adaptation en cours (espagnol, italien, japonais, persan) méritaient un accompagnement sur les problèmes de traductibilité. Quelles entrées retenir ? Comment les adapter dans les langues cibles qui portent des univers culturels autres que le français dans lequel le dictionnaire de départ a été pensé ? « Penser en langue », telle est la question, bien posée par Barbara Cassin et ses équipes de traducteurs du Vocabulaire européen des philosophies (Paris, 2004). Cette année, l’exercice est porté sur le terrain de l’allemand, qui joue un peu le rôle d’une langue de référence en sciences humaines et sociales (ateliers des 16 et 30 mars 2016).