Paysages dans l'anthropocène/Landscapes in the anthropocene

Colloque international organisé par Benoit Hazard et Ueru Tanaka

Colloque international organisé par Benoit Hazard, IIAC-CNRS/EHESS et Ueru Tanaka, RIHN-Kyoto

L’anthropocène illustre la place prise par les débats environnementaux et par les sciences de la terre dans les discours et les pratiques scientifiques. Sortie d’une bulle d’air enfouie dans les profondeurs polaires, ce changement de régime apparait, de façon concomitante, avec la mise en évidence de l’appauvrissement de l’ozone atmosphérique et l’augmentation des gaz à effet de serre comme principe actif du réchauffement climatique. Construit comme un discours global par les sciences de la terre, cette thèse, véhicule la vision générique d’un homme prométhéen agissant comme force (géologique) destructrice de la nature. L’homme, grand ordonnateur de l’architectonique de la planète, mettrait en péril Gaïa, c’est-à-dire un système terre au sein duquel les différentes composantes, imaginées comme un super organisme vivant, sont interconnectées et interagissent les unes avec les autres. Comment les sciences humaines et sociales, dont le questionnement porte sur des passages historiques analysés en termes de structure, de dynamique, de persistance et de rupture des systèmes socio écologiques, se positionnent face à ce nouveau paradigme ? L’anthropocène ne risque-t-il pas de situer les humanités dans l’orbite des sciences de la terre et des géosciences ?

L’argument de ces journées interdisciplinaires consacrées aux Paysages dans l’anthropocène part d’une question : de quoi l’anthropocène est-il le nom ? Loin d’être uniformément partagée par nombre de pays du sud dont les émissions en CO2 restent faibles en regard des grands pays industrialisés, cette thèse, sous l’injonction de la transition énergétique, porte à un vaste mouvement d’accaparement et de reconversion des terres marginales en champs d’énergies renouvelables. Situé dans l’histoire d’une modernité occidentale, l’anthropocène n’est-il en définitive que l’énoncé d’une théorie des crises dans l’écologie monde capitaliste, une forme d’a-comisme politique traduisant un profond rejet de l’humain ?

Y a-t-il quelque part d’ou je puisse parler de la nature, c’est-a-dire de nous-mêmes ?
Ed. Burtynsky, Manufactured landscapes

Ces journées d’études posent la possibilité de décrire des anthroposcènes, c’est-à-dire à travers une heuristique du paysage, de re-territorialiser et de nommer les choses dont l’anthropocène est le mot. Plutôt que de réduire la recherche en sciences sociales à une chronique du temps présent, nous postulons que les anthropo-scènes ouvrent à des pensées et des pratiques paysagères. Si les études sur le paysage sont en France fortement liées à l’histoire de l’art, l’angle mort du substrat matériel du paysage a été largement investi par d’autres traditions disciplinaires et géographiques (landscape archaeology, landscape anthropology, archéo-géographie, tradition non-atlantiques). À l’image des multiples couches d’un tableau de peinture, les paysages sont imprégnés de traces, de formes, symboles. Ils témoignent d’un processus infini d’investissements, de réappropriations, de recréations, de formes de l’environnement. Ces strates réinterrogent les ruptures, les persistances, les effondrements des systèmes socio écologiques dans une perspective non linéaire

 

 

Informations pratiques

Chercheur(s):
Date(s)
  • Lundi 5 décembre 2016 - 16:15
  • Mardi 6 décembre 2016 - 09:00
  • Mercredi 7 décembre 2016 - 09:00
  • Jeudi 8 décembre 2016 - 11:00
Lieu(x)
  • EHESS (amphithéâtre F. Furet) - 105, Boulevard Raspail 75006 Paris
  • EHESS (salle du conseil B) - 190, Avenue de France 75013 Paris
  • EHESS (salle 638-641) - 190, Avenue de France 75013 Paris
  • EHESS (salle 05) - 105, boulevard Rapsail 75006 Paris
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