Sortir du colonial
Transformations institutionnelles et rapport à l'État

Débuté en 2014, le programme ANR « AUTOCHTOM » a pour objectif d’examiner la question du « legs colonial » en France à partir d’un point relativement aveugle de la littérature scientifique, celui des indigènes colonisés (ou « assimilés ») de l’empire français, devenus citoyens et restés sous souveraineté française à l’issue de la vague des indépendances des années 1960 et jusqu’à aujourd’hui. Il se concentre en particulier sur trois collectivités de l’outre-mer contemporain – la Guyane, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française – où certains segments des populations colonisées se revendiquent aujourd’hui face à l’État de la catégorie politique et juridique de « peuples autochtones » telle qu’elle a émergé en droit international aux Nations-Unies depuis trente ans. L’enjeu de notre recherche collective consiste à saisir ce qu’il est concrètement advenu des rapports sociaux établis pendant la colonisation, depuis l’accès au statut de département d’outre-mer (Guyane) ou de territoire d’outre-mer (Nouvelle-Calédonie, Polynésie) en 1946. Afin de produire une analyse comparative du rapport à l’État (post)colonial des « autochtones de la République » à partir d’enquêtes ethnographiques et socio-historiques empiriquement fondées, nous avons choisi de resserrer notre champ d’investigation à deux institutions-clés – souvent invoquées mais rarement analysées – auxquelles Amérindiens et Businenge de Guyane, Kanak de Nouvelle-Calédonie et Mā’ohi de Polynésie française sont confrontés : l’école et la justice.
À l’heure de l’achèvement du programme AUTOCHTOM, nous avons souhaité centrer la réflexion sur une question sans cesse revenue au fil de nos recherches pendant ces quatre années d’enquêtes en Guyane, en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie : où et quand s’arrête le processus colonial ? Peut-on sortir du colonialisme sur ces terrains, et si oui comment ? Qu’est-ce que « décoloniser », ou plus généralement « sortir du colonial », veut dire ? Le pari de ce colloque est de penser les dynamiques politiques singulières qui traversent ces trois territoires en les mettant au regard d’autres situations historiques. La thématique de la sortie du colonial sera ainsi questionnée sous trois angles complémentaires : d’un point de vue politique « en général » (première session, lundi matin), au prisme de l’école (deuxième session, lundi après-midi), enfin au prisme de la justice (troisième session, mardi matin). À l’intérieur de chaque session, trois exposés organiseront la comparaison analytique : le premier sera consacré aux recherches de l’équipe AUTOCHTOM sur l’outre-mer contemporain, le second portera une ancienne colonie française devenue un État indépendant, enfin le troisième traitera d’une situation de « décolonisation inachevée » dans le contexte autochtone des Amériques.
Anthropologie Coloniales (études)Informations pratiques
- Lundi 9 avril 2018 - 09:30 - Mardi 10 avril 2018 - 12:30
- EHESS (Salle du conseil) BS1_28 - 54 boulevard Raspail 75006 Paris
- iris@ehess.fr