Les pratiques comptables du Proche-Orient ancien ont souvent été étudiées dans le cadre de l'histoire économique et des travaux sur les archives antiques. Ces études sont le plus souvent descriptives, se concentrant sur la terminologie des textes ou les formulaires des anciennes institutions (palais, temples...). De nouvelles approches interdisciplinaires en sciences sociales invitent désormais à s'intéresser d'une part aux contextes sociaux de production de ces documents, et d'autre part aux modes de pensée mobilisés dans les pratiques de comptes par les Anciens eux-mêmes. En prenant l'exemple de la comptabilité du grain dans le palais royal de la ville de Mari (XVIII^e siècle av. J.-C.), nous chercherons à comprendre la fonction exacte des documents comptables dans la gestion palatiale, entre aide-mémoire, outils de contrôle politique, instruments d'enregistrement économique, et aides à la mise en réseau d'acteurs.