Découvrez le programme des 18 séances de séminaires :
Jeudi 24 Mars (15:00-17:00, heure de Paris)
Nathalie Clayer (EHESS), « Expériences de l'espace, espaces de l'expérience dans les sociétés (post-)ottomanes »
Discutante : Sabine Rutar (Leibniz Institute for East and Southeast European Studies)
Séance en anglais
Dans ce séminaire, en partant de la présentation et de la discussion de recherches en cours sur l’espace ottoman et post-ottoman, on s’interrogera, à partir de différents types d’objets (trajectoires individuelles et collectives, lieux d’activités et de production), sur les pratiques et visions spatiales, mais aussi sur les évolutions des espaces sociaux et des paysages et les temporalités de ces évolutions.
Vendredi 25 Mars (15:00-17:00, heure de Paris)
Vanina Bouté (EHESS), Yves Goudineau (EFEO), Catherine Scheer (EFEO), « Ethnicité et dynamiques historiques d’intégration en Asie du Sud-Est »
Séance en anglais
Le séminaire s’intéresse aux relations complexes qui se sont instituées entre les populations occupant les zones de montagnes et/ou de forêts, soit une vaste partie de l’Asie du Sud-Est continentale, et les pouvoirs centraux, coloniaux puis nationaux. Les études sur ces populations dites des marges ont généralement contribué à alimenter une perception antagoniste, soit se situant dans la perspective d’une dilution inéluctable des cultures minoritaires dans les cultures nationales imposées, soit, à l’inverse, mettant en exergue la résistance des minorités ethniques ou leur « fuite » durable au cours de l’histoire face à la logique de contrôle étatique. À partir de l’analyse comparée d’ethnographies détaillées, nous proposons de dépasser cette vision dichotomisée, et par trop réductrice, en montrant des phénomènes d’interaction, d’interdépendance, voire d’appropriation mutuelle entre « centres » et « marges » dans l’histoire récente de l’Asie du Sud-Est.
Lundi 28 Mars (15:00-17:00, heure de Paris)
Camille Schmoll (EHESS), Aurélie Varrel (CEIAS/CNRS) et Hélène Thiollet (CNRS/Ceri), « Les migrants et la ville. Une perspective comparative »
Discutante : Beatriz Fernandez (EHESS)
Séance en anglais
Cette présentation s'appuie sur les recherches menées dans le cadre du séminaire de l'EHESS intitulé « Urbanité, circulations et mobilité dans les villes du monde contemporain ».
La migration internationale et l'urbanisation ont connu de très importants changements au cours des dernières décennies. La croissance des villes et les changements urbains sont étroitement liés aux migrations internes et internationales ainsi qu'à l'évolution des modèles de mobilité à différentes échelles. Dans cette présentation, nous explorons le lien entre migration et ville autour de trois aspects : la concentration des migrants dans les villes et leur rôle crucial dans le changement urbain ; la comparaison des formes de sociabilité urbaines cosmopolites dans différents contextes urbains ; la gouvernance locale de la migration internationale dans les villes contemporaines.
En nous appuyant sur des exemples de villes pris au Nord et au Sud, nous utilisons l'approche comparative à la fois comme un outil méthodologique et un projet théorique.
Mardi 29 Mars (15:00-17:00, heure de Paris)
Présentation d’un travail de traduction d’ouvrage : Benoît Grévin, à propos de la traduction de Balazs Ablonczy, Vers l'est, Magyar! Histoire du touranisme hongrois, Paris, Éditions de l'EHESS, 2021
Discutant : Emmanuel Szurek (EHESS)
Séance en français
A l’est, Magyar ! Histoire du touranisme hongrois retrace l’histoire du touranisme hongrois, c’est-à-dire des courants de pensée valorisant l’origine supposée asiatique des Hongrois et notamment leurs liens avec le monde turco-mongol. Cet essai permet de revisiter un ensemble de questions d’histoire politique, culturelle, artistique, qui peuvent se résumer ainsi : comment un peuple européen se pense-t-il, hier et aujourd’hui, comme asiatique ?
Jeudi 31 Mars (15:00-17:00, heure de Paris)
Giovanni Careri (EHESS), « L’objet théorique art. La survivance des gestes en peinture »
Discutant : Pierre-Antoine Fabre (EHESS)
Séance en français
La notion « d’objet théorique » caractérise l’approche de l’EHESS à l’art et aux images. Il s’agit d’une perspective qui lie indissolublement histoire et théorie, construisant en objet de pensée une image ou une série d’images par la mise en travail de leur propre pensée. Cette approche sera exemplifiée par une analyse d’un groupe de tableau de Annibale Carracci où le geste, et la mémoire qu’il transporte, occupent une place décisive, reliant le domaine de l’art à celui de l’anthropologie.
Vendredi 1er Avril (15:00-17:00, heure de Paris)
Nilufer Göle (EHESS), « Démocratie de l'espace public, l’assemblée et la créativité »
Discutant : Richard Rechtman (EHESS)
Séance en anglais
Les mouvements d'occupation qui ont émergé dans différentes parties du monde depuis les années 2010 (de la place Tahrir, à EuroMaidan, au parc Gezi, aux Gilets jaunes...), remettent en question nos connaissances sur la société et la politique. Ces mouvements participent-ils à la mondialisation de la société civile ? Quels sont les liens entre l'expressivité esthétique et la protestation politique ? Signifient-ils un changement paradigmatique dans les manières d'être en société ? L'élaboration de ces questions dans mon séminaire à l'EHESS depuis 2014 a contribué à renouveler les approches de l'espace public à la lumière de ces défis contemporains. En discutant avec mes collègues issus de différents horizons disciplinaires, nous avons ouvert une nouvelle compréhension de l'espace public, en nous focalisant sur les dimensions spatiales, la visibilité des minorités et l'expressivité des acteurs. L'espace public permet de transformer l'expérience personnelle en assemblée. En se réappropriant de l'espace public, les acteurs expérimentent des formes de reconnaissance sociale, édictent de nouvelles formes de citoyenneté et réinventent la démocratie dans l'espace public.
Lundi 4 Avril (15:00-17:00, heure de Paris)
Rainer Maria Kiesow (EHESS), « Droit et jugement »
Discutant : Falk Bretschneider (EHESS)
Séance en français et anglais
Comment une décision est-elle prise ? Telle est la question de réflexion sur le phénomène juridique par excellence : le jugement. Que se passe-t-il en réalité, et comment cela se passe-t-il ? La réponse à cette série complexe de questions oscille entre engagement et liberté, entre droit et souveraineté, entre déduction et décision.
Mercredi 6 Avril (15:00-17:00, heure de Paris)
Table-ronde des revues – Isabel Yaya McKenzie (EHESS) et Grégory Delaplace (EPHE) : L’Homme, Vincent Azoulay (EHESS) : Les Annales
Discutant : Christophe Prochasson (EHESS)
Séance en français
Cette table-ronde vise à présenter le fonctionnement éditorial et intellectuel de deux revues étroitement associées à l’EHESS : les Annales et L’Homme. Il s’agira tout d’abord de rappeler ce que sont ces deux grandes revues de sciences humaines et sociales, ancrées dans l’histoire pour l’une, dans l’anthropologie pour l’autre, mais particulièrement soucieuses de faire vivre le dialogue entre disciplines. Pour mettre à distance l’image souvent mythifiée de ces deux publications, on cherchera à montrer concrètement ce qu’implique le travail de revue, depuis la soumission d’un article jusqu’à sa publication. Quelques grandes questions serviront à baliser la discussion à l’appui d’exemples de publications récentes : Comment penser le rôle des revues dans l’animation des débats scientifiques à l’échelle internationale ? Que signifie publier aujourd’hui une revue en français dans un monde scientifique de plus en plus dominé par l’anglais ? Existe-t-il une langue propre aux revues, privilégiant certains formats, voire un certain formatage ? Comment les revues entendent-elles participer, à leur manière et avec leurs voix spécifiques, aux débats politiques et sociaux du temps présent ?
Jeudi 7 Avril (15:00-17:00, heure de Paris)
Sébastian Veg (EHESS), « Intellectuels, publications et publics : retour sur l’histoire intellectuelle de la Chine au XXe siècle »
Discutante : Anne Cheng (Collège de France)
Séance en anglais
L'étude des savoirs, des idées et de leurs auteurs a sans aucun doute une longue tradition, tant en Chine que chez les sinologues et les historiens étrangers. Cependant, à la suite des « tournants » méthodologiques (tournant social, culturel, linguistique, global...) du dernier demi-siècle, l'histoire intellectuelle en tant que discipline a été soumise à de nouveaux questionnements. En dressant un bilan des critiques et des nouvelles approches qui ont émergé à leur suite, cette présentation tentera de revenir sur les conditions matérielles, sociales et culturelles de la production et de la circulation des savoirs dans la Chine du XXe siècle.
[SEANCE ANNULEE] Vendredi 8 Avril
Table-ronde des revues – Mikaëla Le Meur (Aix-Marseille Université) : Techniques & Culture, Sibylle Gollac (co-rédactrice en chef de la revue / CNRS) : Actes de la recherche en sciences sociales, et direction de la revue Conditions humaines/conditions politiques
Discutant : Etienne Anheim (EHESS)
Séance en français
L’étude des mouvements sociaux est au cœur de la tradition des sciences sociales. Il est malgré souvent difficile à la recherche scientifique de suivre la temporalité des formes de contestation, car le temps de l’analyse n’est pas celui de l’action. Pour autant, dans un contexte français qui a été marqué par d’importantes formes de protestation publique, en particulier le mouvement des gilets jaunes, plusieurs revues éditées par les Éditions de l’EHESS ont tenté de saisir la révolte sur le vif et de la construire comme un objet de connaissance. À l’aide d’outils venus de la sociologie, de l’anthropologie mais aussi de l’histoire ou des sciences politiques, les revues Techniques et culture, Actes de la recherche en sciences sociales et Condition humaine/conditions politiques ont consacré des numéros spéciaux à ces mouvements. Cette table ronde sera l’occasion de revenir sur ces propositions, d’en présenter les grandes lignes, la méthodologie et les enjeux épistémologiques et politiques à partir d’un dialogue avec les éditeurs et éditrices des revues.
Mardi 12 Avril (15:00-17:00, heure de Paris)
Philippe Urfalino (EHESS), « Les enjeux politiques de la réflexion sur la décision majoritaire »
Discutant : Charles Girard (Université Lyon 3)
Séance en anglais
Comment expliquer la prévalence de l’usage de la règle de majorité dans les situations de décision collective ? Comment peut-on justifier que la supériorité numérique ait le droit d’imposer son point de vue aux minoritaires ? Le séminaire examinera d’abord les différentes réponses qui ont été données à ces deux questions. Il montrera ensuite que les réponses mettent en évidence la prégnance de deux orientations, l’une qui privilégie le conflit, l’autre qui considère en premier lieu la valeur attachée à l’existence d’un groupe. Il apparaît ainsi que les réflexions sur la règle de majorité mettent en évidence une grande division qui traverse les pensées et philosophies politiques des XXe et XXIe siècles. Certaines considèrent que le conflit, le pouvoir ou les rapports de force sont les phénomènes centraux de la politique et ne prêtent qu’une pertinence ou une valeur relative, voire négative, aux corps politiques (par exemple le marxisme et le postmarxisme, des auteurs comme Michel Foucault ou Étienne Balibar). D’autres, sans négliger l’importance du conflit et des rapports de force, privilégient la pertinence des corps politiques, de leur préservation et des relations qu’ils entretiennent entre eux (par exemple, Marcel Mauss, Raymond Aron, Louis Dumont, Cornelius Castoriadis).
Mercredi 13 Avril (15:00-17:00, heure de Paris)
Présentation d’ouvrage : Cécile Vidal (EHESS), A Social History of the New Word: Social Formation, Colonization and Slavery in the Early Americas in Comparative Perspective
Discutant : Clément Thibaud (EHESS)
Séance en anglais
La conférence présentera cet essai collectif, fruit d'une longue collaboration entre des historiens francophones des différentes régions américaines à la période moderne. Trois partis-pris méthodologiques ont guidé notre entreprise : articuler le point de vue des trois populations amérindienne, européenne et africaines mises en contact par la situation coloniale ; croiser les perspectives hémisphérique atlantique et impériale ; et comparer non pas des sociétés entre elles mais la manière dont certains phénomènes ou institutions, qui constituent autant de clés d'entrée pour comprendre les dynamiques sociales, façonnèrent ces sociétés selon des modalités variées. Cette triple approche permet de dépasser l’opposition sociopolitique établie entre Amérique du Nord et Amérique latine, tout en révélant la centralité de la Grande Caraïbe. Elle démontre aussi la spécificité de l’impérialisme et du colonialisme d’Ancien Régime, étroitement associé à la traite des esclaves et à l’esclavage et, plus largement, la singularité d’un monde atlantique qui sert de laboratoire social à la première globalisation.
Jeudi 14 Avril (15:00-17:00, heure de Paris)
Eva Illouz (EHESS), « Qu'est-ce que l'incertitude ? »
Discutant : Frédéric Brahami (EHESS)
Séance en anglais
Les économistes distinguent risque et incertitude : le risque est prévisible et calculable, l'incertitude ne l'est pas. Cette présentation se penchera sur le tournant historique vers l'incertitude que connaissent les relations intimes interpersonnelles. Si l'incertitude peut se traduire en une expérience psychologique (d'anxiété par exemple), il faut la comprendre avant tout en tant que dimension sociologique des liens interpersonnels. L'exemple développé sera celui de la transition de la pratique de jeu de la séduction à celle des rapports sexuels occasionnels.
Vendredi 15 Avril (15:00-17:00, heure de Paris)
Nicolas Dodier (EHESS), Janine Barbot (Inserm) et Laura Centemeri (CNRS), « Construire une théorie sociologique de la réparation »
Séance en français
La mise en œuvre de dispositifs capables de réparer les atteintes liées à des drames collectifs traverse aujourd’hui de nombreux domaines : violences politiques et de guerre, abus sexuels, désastres sanitaires ou écologiques, risques professionnels, etc. Nous avons cherché à construire, à partir d’une enquête sur une catastrophe de santé publique, une théorie sociologique de la réparation qui éclaire sous un nouvel angle les tensions normatives associées à ce type de situation. Le séminaire vise à présenter et discuter la méthode choisie et les perspectives qu’elle ouvre.
Mardi 19 Avril (15:00-17:00, heure de Paris)
Richard Rechtman (EHESS), « Psychanalyse et sciences sociales »
Discutante : Sabina Loriga
Séance en français
Depuis la fin du XIXe siècle les sciences sociales et la psychanalyse ont entretenu des rapports complexes, souvent tendus, voire conflictuels et concurrentiels, mais cela n’a pas découragé les chercheurs de tenter des rapprochements. Sans revenir sur la totalité de ces débats et de leurs controverses, il s’agira de reprendre à nouveau frais les raisons de ce partenariat difficile et les motifs qui permettent d’être aujourd’hui plus confiant sur les perspectives d’un débat plus apaisé et donc plus riche. La perte du magistère que la psychanalyse a voulu étendre sur l’ensemble du champ psychique et social est sans doute la raison première d’un apaisement des tensions. Mais ce sont surtout les découvertes de nouveaux terrains de recherche qui rendent aujourd’hui nécessaire de repenser l’apport réciproque des sciences sociales et de la psychanalyse.
Mercredi 20 Avril (15:00-17:00, heure de Paris)
Barbara Carnevali (EHESS) et Antoine Lilti (EHESS), « L'esthétique de l'existence ou l'éthique comme auto-design »
Discutante : Simona Forti (Scuola Normale Superiore, Pisa)
Séance en anglais et français
Depuis le tournant expressif moderne (Charles Taylor), les besoins d’auto-expression dominent les formes de la subjectivité contemporaine : les individus cherchent une forme originale pour réaliser leur identité unique, pour exprimer leurs qualités singulières et pour créer la « loi individuelle » (Georg Simmel) consistant à adhérer à sa propre norme intérieure. Sur la base d’une alliance normative stricte entre éthique et esthétique, le sujet moderne exprime sa singularité dans la production d’œuvres d’art comme dans l’auto-stylisation, voire dans l’auto-design. Par son approche du problème, le séminaire de recherche l’« Individualisme esthétique » entend souligner non seulement le potentiel d’émancipation exprimé par cette figure de la subjectivité mais aussi ses limites et ses contradictions.
Cette présentation du séminaire se concentrera notamment sur l’insoupçonné fil rouge qui relie l’individualisme de Jean-Jacques Rousseau à l’esthétique de l’existence de Michel Foucault ainsi qu'à l’esthétisme néo-nietzschéen proposé par Peter Sloterdijk : celui de la figure du « critique cynique », Diogène moderne qui exprime sa rébellion contre les normes sociales à travers la construction d'un personnage public stylisé et grâce à un usage philosophique de la provocation, de la performance et du scandale.
Barbara Carnevali s'exprimera en français, Simona Forti en anglais et l'échange entre elles se fera en anglais.
Jeudi 21 Avril (15:00-17:00, heure de Paris)
Eric Monnet (EHESS), Benjamin Lemoine (CNRS), « Les institutions de la monnaie et de la dette »
Discutant : Ronan Lyons (Trinity College Dublin)
Séance en anglais
D'un point de vue macroéconomique et comptable, la monnaie et la dette sont les deux faces d'une même pièce. Mais une telle affirmation néglige les institutions et les pratiques qui font de la monnaie et de la dette des objets séparés ou fongibles. Dans la plupart des cas, les relations empiriques envers la monnaie ou la dette sont différentes. L'argent n'est pas toujours perçu comme une dette. Et de nombreuses conditions doivent être réunies pour transformer une dette en un actif jugé aussi liquide et sûr que la monnaie. Ce cours ouvre et approfondit une approche interdisciplinaire - combinant l'histoire, la sociologie, l'économie et l'économie politique - pour étudier comment la monnaie (publique ou privée) et la dette (publique ou privée) sont traitées comme des contreparties ou, au contraire, comme des objets séparés. Le projet intellectuel étudie les rencontres, les interactions et les frictions entre les actifs étatiques et les dettes privées, d'une part, et les actifs privés et les dettes étatiques, d'autre part. A travers cette perspective, nous étudions des objets économiques et politiques importants tels que la dette publique, le (sur)endettement privé, les régimes de taux de change, les interventions des banques centrales ou la régulation bancaire. Dans chaque cas, nous mettons en évidence le lien entre les intérêts financiers et monétaires publics et privés et soulignons les différentes configurations historiques au fil du temps. Un thème récurrent du cours est de remettre en question le processus social et institutionnel qui rend l'argent et la dette sûrs.
Vendredi 22 Avril (15:00-17:00, heure de Paris)
Pierre Monnet (EHESS), Sylvain Piron (EHESS), « Travailler sur et avec les sources du Moyen Âge »
Discutant : Rafael Mandressi (CNRS/EHESS)
Séance en français
Certes ce séminaire, pratique, entend s'inscrire dans un parcours de formation des étudiants de mastère, mais aussi des doctorants, et aurait pu de ce fait se limiter au caractère pédagogique et direct en termes d'approche de documentations spécifiques à la période et utiles aux travaux de recherche. Ce socle est bien entendu présent dans la conception et l'animation du séminaire mais il se double d'une conviction à la fois méthodologique et heuristique qui conduit à aborder les différents types documentaires classés, cherchés, lus, interprétés et construits par les médiévaux d’abord, par les médiévistes ensuite.
En effet, il a paru essentiel de toujours garder à l’esprit que la « source » ne va jamais de soi, qu'elle ne forme jamais un bassin, un réservoir tout fait, attendant en quelque sorte la main, l'expertise et l'usage des historiens. C'est ainsi que cette notion même, la "source", dont l'emploi et la définition sont eux-mêmes soumis à des processus historiques complexes, se trouve à chaque séance placée dans une perspective critique au regard des traditions, des éditions, des transmissions, et se trouve confrontée à des terminologies concurrentes ou co-occurentes telles que « document », « archive », « témoignage », « monument »…