Françoise Bottero

Chargée de recherche CNRS, Directrice du Centre de recherches linguistiques sur l'Asie orientale - CRLAO
Site(s): CRLAO

Domaines de recherche

- Les procédés de classification des caractères chinois

Le point fort de ma recherche concerne une des originalités propres au système graphique chinois: l’organisation des caractères d’après ce qu’on a pris l’habitude d’appeler des clés, c’est-à-dire des éléments graphiques entrant dans la composition des caractères. J’ai montré que le système actuel des 214 clés n’était pas directement hérité du premier système mis en place par le célèbre Xu Shen au premier siècle de notre ère, car le système de Xu Shen était avant tout soutenu par une importante assise philosophico-cosmologique, propre à l’époque (des Han) dans laquelle il avait été conçu, et que les milieux bouddhiques avaient joué un rôle essentiel dans l’élaboration d’un système pour faciliter la consultation des caractères dans les dictionnaires.
Dans cette perspective, j’ai également consacré un travail à l'écriture japonaise par le biais d’un des plus anciens dictionnaires japonais de caractères conservé aujourd’hui : le Shinsen jikyô (Xe siècle). L’auteur a développé un système tout-à-fait original de 160 clés fonctionnant tantôt comme des composantes graphiques de caractères, tantôt comme des rubriques thématiques. L'approche japonaise de l'écriture chinoise que l’on trouve dans ce dictionnaire m'est apparue riche d'enseignements pour comprendre la force de l'écriture chinoise à résister à la tentation de tendre vers la simple transcription phonétique.

- Le système graphique de l’écriture sur os et écailles de tortues

Dans une autre perspective, j’ai présenté les étapes du déchiffrement des caractères inscrits sur os et écailles de tortues (XIVe - XIe siècles avant notre ère) lorsqu'ils ont été découverts, après une longue période d'oubli, à la fin du XIXe siècle. Ce travail a permis de mettre en avant certaines des particularités de cette ancienne écriture chinoise mais aussi certains rapprochements avec les autres écritures archaïques telles que les cunéiformes, les hiéroglyphes et l'écriture des mayas dont les sytèmes s'avèrent avoir de nombreux points en commun. L’étude des particularités propres à cette première écriture connue en Chine montre que contrairement à ce qu’avancent les spécialistes chinois, on a bien affaire à un sytème proche de ses débuts.

- Le problème de la création de caractères et de leur abandon

Un autre thème de recherche sur une des particularités propres à l’écriture chinoise concerne le problème de la création de caractères et de leur abandon. De nombreuses graphies ont eu une existence éphémère. Nous avons montré en collaboration avec Yau Shun-chiu que si la production de nouvelles graphies n'avait pas cessé, toute création imposée sans le consentement des utilisateurs et privilégiant le scripteur au dépend du lecteur était vouée à l'abandon.

- L’ordre des constituants dans les mots composés par coordination d’antonymes

Contrairement à l'analyse sémantique traditionnelle qui soutient que l'ordre des constituants des mots composés de deux caractères sur le modèle ‘long-court’ = “longueur” ou ‘gauche-droite’ = “environ” est imposé par des contraintes sémantiques, j‘ai montré l'importance des contraintes phonologiques, liées aux tons du chinois ancien, dans la construction de ces mots formés par coordination d'antonymes.

- Les théories chinoises sur l’écriture

Les problèmes de terminologie wén « caractère simple », zì  « caractère composé »

L’origine de la distinction entre wén « caractère simple », zì  « caractère composé»

La vision chinoise de l’invention de l’écriture : la légende de Cang Jie