Gabriel Abend
Gabriel Abend enseigne la sociologie à NYU (New York University) et à l’Universität Luzern. Il a reçu le prix Lewis A. Coser Award for Theoretical Agenda Setting, qui récompense un sociologue en milieu de carrière dont l’agenda de recherche est jugé prometteur pour la sociologie. Il s’est fait remarquer par son ouvrage The Moral Background: An Inquiry into the History of Business Ethics (Princeton University Press 2014, paru en poche en 2016)
Après des études de sciences politiques et d’histoire en Uruguay (Universidad de la República), il obtient un doctorat en sociologie à Northwestern University. Il a été fellow de l’Institut d’Etudes Avancées de Paris, du Max-Planck-Institut für Gesellschaftsforschung, du Lichtenberg-Kolleg et enfin du Max-Weber-Kolleg für kultur- und sozialwissenschaftliche Studien. Les intérêts de recherche de Gabriel Abend portent sur la théorie sociologique, la sociologie culturelle, la sociologie économique, l’éthique des affaires, les science studies, la sociologie de la connaissance, la sociologie de la moralité, la philosophie morale et la logique de la recherche scientifique.
Son ouvrage, The Moral Background: An Inquiry into the History of Business Ethics, propose une histoire renouvelée de l’éthique des affaires et de la responsabilité sociale des entreprises aux États-Unis associée à une nouvelle approche de la recherche sur la moralité en général. Il distingue en effet trois niveaux dans la moralité. Le premier est le niveau comportemental où s’opposent comportements moral et immoral. Le deuxième est le niveau normatif et comprend les croyances morales, les normes et les institutions. Ces deux niveaux sont classiques mais Gabriel Abend soutient qu’il existe un troisième niveau, celui du « moral background ». Ce troisième niveau comprend les « répertoires » de concepts moraux des sociétés, les méthodes morales qui peuvent être utilisées, les raisons qui peuvent être données et les objets qui peuvent être évalués moralement. The Moral Background examine depuis cette perspective le travail des « business ethicists » aux États-Unis des années 1850 aux années 1930.
Dans la suite de ce travail, Gabriel Abend s’efforce d’étudier empiriquement ce qu’il nomme le « décisionnisme ». La référence aux décisions, à la prise de décision, aux décideurs et aux choix à faire est omniprésente dans les sociétés contemporaines, les organisations et la recherche scientifique. Elle semble surtout utile à divers titres pour de nombreuses personnes, qu’elles s’en servent comme cadre pour interpréter la vie sociale, ou comme source d’outils pratiques pour la gérer et manipuler les situations. C’est ainsi que de nombreuses recherches sur la moralité se concentrent sur les décisions et les choix moraux. Pourquoi les concepts de décision et choix sont-ils si communs dans les représentations de la vie morale et les pratiques sociales? Où sont-ils plus particulièrement présents? En quoi s’agit-il de concepts utiles? Quelle est en particulier leur contribution aux descriptions concernant les phénomènes économiques?
Gabriel Abend mène enfin des recherches sur les neurosciences et leurs bases sociales, économiques et organisationnelles. Il s’intéresse tout particulièrement aux neuroscientifiques qui abordent des thématiques classiquement associées aux sciences humaines et sociales, comme ceux qui ont recherché des manifestations neuronales de la moralité, de l’empathie, de l’amour, de la haine, de la créativité, de la confiance, du bonheur, de la tristesse, du sentiment religieux, de la spiritualité, etc. De nouveaux domaines naissent où les neurosciences s’hybrident, tels la neuro-économie, le neuro-marketing, la neuro-anthropologie, le neuro-droit, la neuro-criminologie, la neuro-théologie et la neuro-histoire. Gabriel Abend cherche à décrire la vie sociale et utilisations de ces travaux neuroscientifiques. Il se demande ce qui rend la neuroscience des phénomènes socio-psychologiques aussi persuasive et ce qui explique son succès dans la vie sociale, politique et organisationnelle, quels sont encore les acteurs qui la soutiennent et en profitent, et enfin que révèlent des sociétés contemporaines les succès des neurosciences.
Gabriel Abend participe au Programme Professeurs invités de l'EHESS, sur proposition d'Éve Chiapello (Centre d'étude des mouvements sociaux - CEMS).
Conférences
What’s Wrong with the History of Business Ethics and Corporate Social Responsibility?
Dans le cadre du séminaire d'Eve Chiapello et Paul Lagneau-Ymonet Current Research in Socio-Economics
- Lundi 4 février 2019, de 17h à 19h à l'EHESS, 54 bd Raspail 75006 Paris, Salle AS1_08
This talk looks at the history of business ethics and corporate social responsibility from the moral background perspective that I’ve developed in my recent work. At the level of behaviors, beliefs, norms, and institutions, the history of business ethics and corporate social responsibility are monotonous. They are predictable. They seem to repeat themselves. I argue that the action is at the moral background level. This level comprises: societies’ repertoires of moral concepts, the moral methods that can be used, the reasons that can be given, and the objects that can be morally evaluated at all. My historical analysis focuses on the United States from the 1850s to the 1930s, and it yields two types of business ethics: “Christian Merchant” and “Standards of Practice.” More generally, the moral background is a tool to investigate morality in economic and social life.
Transcendental Arguments in Social Science: Causal Questions and What-Makes-It-Possible Questions
Dans le cadre du séminaire du CEMS (organisé par Claude Rosental)
- Jeudi 14 février 2019, de 17 à 19h, 54 Bd Raspail 75016 Parais, salle A05_51
I showed that business ethics and corporate social responsibility are enabled by particular moral background elements, and thick moral concepts are enabled by particular cultural and institutional facts. Drawing on these findings, I call for empirical social science research on what-makes-it-possible questions. Much of social science is about causes and effects. No doubt, understanding social life requires addressing causal questions, finding out what causes what, and what seemingly causal relationships are in fact spurious. However, a complete causal understanding of the social world isn’t a complete understanding of the social world. Something is missing. I argue that we’re missing what-makes-it-possible accounts about social phenomena, processes, interactions, institutions, and cultural arrangements. By posing a different kind of question, I offer a distinct perspective on the social world and new avenues for social science research.
Moral Judgment and Decision-Making: Social Science, Neuroscience, and Philosophy
Dans le cadre du séminaire d'Eve Chiapello et Paul Lagneau-Ymonet Current Research in Socio-Economics
- Jeudi 21 février 2019, de 18 à 20h, 54 bd Raspail 75006 Paris, salle AS1_23
Moral and immoral decision-making figure prominently in popular culture, journalism, and scientific research. They are prominent in scholarly literatures on business ethics, organizational behavior, management, and economic sociology, too. Further, these literatures draw on neuroscience studies about moral decision-making and judgment, in which experimental participants are presented with moral dilemmas, such as trolley problems, and they must judge what’s appropriate, permissible, right, or “okay.” I argue that moral judgment and decision-making aren’t neutral objects of inquiry, foci, and explananda for scientific research on morality. Rather, they’re peculiar methodological choices, due to which most of moral life is put out of sight. Social scientists should investigate other moral things, including thick moral concepts, questions, narratives, and action in the real world. It follows that scientific research on morality should be methodologically and epistemologically pluralist.
Decisionism in Social and Organizational Life
Dans le cadre du séminaire d'Eve Chiapello et Paul Lagneau-Ymonet Current Research in Socio-Economics
- Lundi 25 février 2019, de 17 à 19h, 54 bd Raspail 75006 Paris, salle AS1_08.
Decisions, choices, decision-makers, and decision-making seem to be everywhere in contemporary societies. That’s how countless things are understood and represented (not only in the moral domain). Successful businesspeople and politicians are described as excellent decision-makers, whereas the poor, criminals, and even addicts are described as people who made wrong choices. Soccer players are said to have to make soccer choices (e.g., whether to shoot, whom to pass the ball to) and jazz musicians are said to have to make musical choices (e.g., what notes or phrases to play in their solos)—whether or not the fact that they’re making choices is consciously available to them. Even nonhuman animals and plants are sometimes represented as engaging in decision-making. Why are these representations common in social and organizational life? What makes them socially persuasive? What are they useful for? What are the social and political consequences of seeing ourselves as decision-makers, who are constantly making choices, big or small, consciously or unconsciously?