Marie-Aude Fouéré
Maîtresse de conférences de l'EHESS
Marie-Aude Fouéré, anthropologue, travaille en Tanzanie et à Zanzibar, en Afrique de l’Est, avec des incursions au Kenya et à Oman. Les rapports entre mémoire, appartenance et pouvoir sont placés au cœur de ses recherches. Elle s’intéresse en particulier aux effets et aux résonances sociales et politiques, dans le présent, des temps de l’indépendance révolutionnaire et du socialisme africain, mais aussi aux réécritures politisées du passé de la traite et de l’esclavage. Un des axes d’exploration de l’élaboration et de la circulation des représentations de ces passés a trait à l’usage d’archives de toutes sortes – écrites mais aussi visuelles - par des individus non historiens de métier qui déposent, dans leurs pratiques, un rapport stratégique au passé.
Deux objets en résonance sont explorés, qui ont notamment débouché sur des ouvrages (co-)dirigés : Remembering Julius Nyerere in Tanzania : History, Memory, Legacy (2015), et, avec William C. Bissel, Social Memory, Silenced Voices, and Political Struggles : Remembering the Revolution in Zanzibar (2018). Incarnés dans des langages, des rituels et des matérialités politiques, les mémoires et les usages présents du père de la nation tanzanienne, Julius Nyerere, et du passé socialiste du pays, participent à la production d’un grand récit national par le haut mais alimentent aussi des contre-récits, organisés ou plus ordinaires. Tous ces récits questionnent les frontières de la communauté nationale et les critères de la citoyenneté, allant jusqu’à nourrir des revendications séparatistes que les échéances électorales attisent. À Zanzibar, la Révolution de 1964 est un événement historique dont les réverbérations présentes restent vives et permettent de comprendre les lignes de fractures socio-raciales et partisanes, la reconduction de hiérarchies fondées sur les origines libres ou serviles qui définissent les subjectivités et les loyautés politiques actuelles.
Des collaborations de recherche ont amené Marie-Aude Fouéré à s’intéresser aux ruines et aux vestiges matériels laissés par les programmes de développement en Afrique de l’Est, réfléchissant en particulier à leur efficacité performatives présentes. D’autres ont permis d’initier des réflexions épistémologiques sur les concepts des sciences sociales et les effets de leur circulation internationale ainsi que sur les études africaines et l’idée d’Afrique.
Marie-Aude Fouéré a été directrice adjointe et chercheure pensionnaire (2011 à 2014) puis directrice (2018 à 2022) de l’Institut français de recherche en Afrique (IFRA) de Nairobi au Kenya.
Thèmes de recherche
- Mémoires et usages du passé
- Révolutions, indépendances
- Traite et esclavage
- Post-développement
© Ania Gruca, 2020
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