Marion Carel
Directrice d'études de l'EHESS
Marion Carel est linguiste, spécialiste de sémantique, d’études argumentatives et énonciatives.
Ses travaux cherchent à établir les notions linguistiques utiles à la description du sens des énoncés effectivement réalisés, de manière en particulier à servir à l’analyse littéraire. Ils se fondent sur l’étude du français, de ses termes (opérateurs, connecteurs ou mots lexicaux) comme de ses structures (rapports du sujet au verbe par exemple). Le corpus utilisé est le plus souvent littéraire, mais englobe aussi les écrits de sciences sociales, en particulier lorsque ces derniers, comme en histoire, contiennent des récits, ou en tout cas concernent des successions temporelles.
Ses recherches développent une conception linguistique (la théorie des blocs sémantiques) faisant de l’art de parler, non pas un art de désigner des choses ou des faits (dans le monde ou dans la pensée), mais un art de combiner les mots. Cette combinaison est supposée être d’ordre argumentatif, soit qu’il s’agisse de souligner la cohérence de deux expressions, soit qu’il s’agisse au contraire de souligner leur opposition. On cherche par ce biais à décrire ce qui, dans la langue, est de l’ordre de l’appréciation, et non de la description.
Ses travaux actuels concernent les liens entre cette analyse argumentative du contenu des énoncés et les théories de l’énonciation. Ils essayent de définir divers « modes énonciatifs », plus abstraits ques les énonciateurs-sources des théories de la polyphonie, plus variés que les « énonciations » de Benveniste. On propose pour cela de revenir sur les phénomènes d’adresse, très banals en analyse de la conversation mais peu pris en compte en sémantique.
Par ailleurs, Marion Carel tente d’étudier en détail quelques phénomènes peu traités jusqu’ici par les études argumentatives, comme les marques temporelles.
Elle a publié en 2011, chez Honoré Champion, L’entrelacement argumentatif. Lexique, discours et blocs sémantiques.