Michel Naepels
Directeur d'études de l'EHESS
Domaine de recherche
Anthropologie politique
Michel Naepels réalise une anthropologie politique de la violence et de ses effets différés, à partir de deux terrains d’enquête ethnographique, en Nouvelle-Calédonie et au Katanga (dans l’est de la République Démocratique du Congo). En plaçant l’observateur face à la labilité des rapports sociaux, la violence physique et ses suites ouvrent un domaine d’analyse particulièrement éclairant pour rendre compte des formes d’action des individus et des groupes inscrits dans des relations de pouvoir. L’anthropologie permet d’en proposer une phénoménologie complexe, et d’aborder empiriquement la part d’excès, d’imprévisible et de cruauté qui est mise en jeu par le recours à la violence physique. Après avoir consacré l’essentiel de ses travaux à l’étude des logiques d’action déployées dans différents types de conflits impliquant depuis un siècle et demi les habitants de la région de Houaïlou, en Nouvelle-Calédonie, ainsi qu’aux modalités d’usage de la force physique qui y sont mises en œuvre, il poursuit maintenant l’étude des évolutions sociales contemporaines des mondes ruraux calédoniens pour saisir les formes de production rurale d’une gouvernementalité post-coloniale.
Ses enquêtes se déploient également dans une région de l’est du Congo dans laquelle les tensions locales comme la pauvreté et la vulnérabilité de chacun ont été considérablement accrues par la guerre et les violences récentes, pour comprendre les réaménagements qui suivent les moments de conflit et d’usage de la violence. Mobilisation et démobilisation des miliciens comme déplacements et retours de réfugiés y rendent la période de recomposition actuelle fort délicate à affronter pour les organisations sociales rurales, en même temps que particulièrement adaptée à l’élucidation des transformations que les événements violents des dernières années ont pu susciter dans les rapports sociaux et politiques locaux, notamment domestiques et segmentaires.
Ces recherches mobilisent ainsi une réflexion sur la temporalité, sur les modes de gouvernement coloniaux et post-coloniaux, et sur les rapports de genre. Nombreuses sont les situations où la probabilité d'être confronté à la violence physique directe est élevée, et les refuges précaires. L'anthropologie politique peut étudier ces sites dévastés ou en crise, en s'interrogeant particulièrement sur les formes actuelles de la reproduction sociale qui s'y déploient, sur les conditions économiques et écologiques de celle-ci et sur l'exposition différentielle à la violence.
Parallèlement à ces perspectives d’anthropologie politique, il s’interrogesur la construction du savoir anthropologique en abordant plusieurs questions épistémologiques, notamment sur les relations entre histoire et anthropologie (en particulier dans un contexte colonial ou post-colonial), et sur la valeur et les limites de l’enquête de terrain. Pour évaluer réflexivement les effets de connaissance du dispositif ethnographique, il entend déployer les conséquences du fait que dans la relation ethnographique, c’est l’enquêteur comme sujet qui est mobilisé.
Mots-clés : violence, post-conflit, ruralité, foncier, environnement, groupes sociaux, reproduction sociale, historicité, temporalité, dispositif ethnographique, épistémologie, études coloniales, études post-coloniales, Nouvelle-Calédonie, Katanga, République Démocratique du Congo
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