Cosmocides : Art(s), violence, 21ème siècle
Something you should know : artistes et producteurs aujourd'hui

Le séminaire « Something You Should Know : Artistes et producteurs aujourd’hui » (mention Arts et Langages), dirigé par Patricia Falguières, Elisabeth Lebovici et Natasa Petresin, inaugure un nouveau cycle de présentations imaginé par Dominique Malaquais et Lionel Manga : « Cosmocides : Art(s), violence, 21ème siècle ».
« Face au silence, à la médiocrité et à la brutalité nous devons mettre sur pied quelque chose de suffisamment grand pour que les damnés l’échangent contre leur terrible mémoire de vaincus — quelque chose qui en même temps blanchisse les nantis de leur triste illusion de vainqueurs — car dans la guerre qui aujourd’hui oppose l’esprit, la raison et l’intelligence à la médiocratie, il n’y aura pas d’autre vainqueur que le cosmocide. » (Sony Labou Tansi, Encre, sueur, salive et sang, Paris, Seuil, 2015, pp.113-114)
En 1973, l’écrivain congolais Sony Labou Tansi invente un néologisme : «cosmocide ». Le mot se veut un réquisitoire contre les violences infligées aux corps, aux esprits, à la nature par un capitalisme sauvage, contre la colonisation et le néocolonialisme, les États sanguinaires, les juntes, les polices de tous bords, la mise en charpie des démocraties et du futur. Pour Sony, dire le cosmocide c’était le battre en brèche. Écrire revenait à poser une bombe, non dans le but de détruire, répondant au désastre par le désastre, mais de faire table rase, éradiquant la « mocheté » pour créer des espaces de respiration, des possibles. Nommer l’horreur dans l’espoir de faire naître son contraire : c’est de cela qu’il s’agissait et dont il s’agira ici. Nous serons guidé.e.s par des créateur.trice.s qui, comme Sony, œuvrent à débusquer la violence pour la mettre à mal. Anthropocène, ou encore capitalocène ; éco- et urbicides ; apartheids ; mers et déserts, cimetières de réfugié.e.s ; coltan, dioxine et autres perturbateurs – de communautés, de rêves, de systèmes endocriniens ; camps et geôles… Architectes et urbanistes, historien.ne.s, performeur.e.s, plasticien.ne.s, chorégraphes, tels sont les objets qu’elles et ils abordent. Multiples, leurs pratiques ont ceci en commun : un acte de respirer.
Programme
- Mercredi 4 avril – AbdouMaliq Simone (amphithéâtre Furet, 105 bd Raspail 75 006 Paris)
- Mercredi 18 avril – Emeka Okereke (Kadist)
- Mercredi 2 mai – Beth Weinstein (Maison Suger)
- Mercredi 16 mai – Jelili Atiku (CND)
- Vendredi 1 juin – Faustin Linyekula (Maison Suger)
- Mercredi 6 juin – Lamyne Mohamed (lieu à préciser)
- Lundi 18 juin – Gabrielle Hecht (Maison Suger)
Informations pratiques
- Mercredi 4 avril 2018 - 19:00
- EHESS, amphithéâtre F. Furet, 105 bd Raspail, 75006 Paris
- patricia.falguieres@ehess.fr