Résumé

Cette thèse propose de rendre intelligible le processus global, à la fois économique, environnemental, politique, social et technique, de mise en ressource d’un territoire par une société sous contraintes, c’est-à-dire une société sur laquelle pèsent des limites qui guident l’occupation, l’aménagement et l’exploitation de son environnement. Cloisonnées dans un mix énergétique composé d’énergies peu puissantes de flux, les sociétés préindustrielles ont, malgré cela, connu des poussées démographiques, l’élévation des niveaux de vie soutenue par la richesse des régimes alimentaires, des bonds de la production industrielle et la création de réseaux internationaux d’échanges grâce à l’élaboration d’un stock de connaissances techniques, économiques et sociales. Le cadre de cette recherche est le Royaume de Bohême des XIVe-XVe siècles dont certaines caractéristiques, comme le cadre naturel fermé du pays ou sa dotation en ressources, le constituent en laboratoire d’analyse d’échelle pertinente pour interroger les enjeux énergétiques des sociétés préindustrielles. Suite à la conjonction de chocs (épidémies, dégradation climatique, affrontements guerriers, pénuries minières) des XIVe-XVe siècles, une nouvelle allocation des ressources et gouvernance de l’environnement ont préservé les leviers de développement, traduisant les dynamiques de résilience de la société du Royaume de Bohême. À travers plusieurs cas d’études, sont ici éclairées les stratégies déployées par les acteurs pour dépasser les contraintes inhérentes à la nature des ressources mobilisées : sécurisation de flux de matières et d’énergie pour lutter contre l’inégale dotation en ressource, outils d’optimisation de transformation de l’énergie hydraulique ou encore encadrement du partage de la ressource par des institutions efficientes reposant sur une expertise environnementale.

Jury

• M. Mathieu Arnoux (Directeur de thèse), EHESS
• M. Roman Zaoral (Co-Directeur), Université Charles de Prague
• Mme Elisabeth Crouzet-Pavan, Université Paris-Sorbonne
• Mme Aline Durand, Université du Mans
• M. Erich Landsteiner, Université de Vienne
• Mme Nadia Maizi, Mines ParisTech
• M. Pierre Monnet, EHESS