Soutenance de thèse

La gestion des risques professionnels au Chili (1900-1960). Histoire sociale et politique de la santé ouvrière dans un Etat minimal

De Diego Esteban Ortuzar Rovirosa - Centre de recherches historiques - CRH

Résumé

L’émergence et la consolidation d’une politique des risques professionnels au Chili constituent moins les prémices d’une sécurité sociale démantelée dans les années 1980 qu’un processus fondateur de protections sociales minimales (qui aura des répercussions jusqu’à aujourd’hui). C’est la thèse centrale de cette étude qui interroge la période de structuration d’un système de protection sociale insuffisant pour les victimes d’accidents du travail et particulièrement faible en cas de maladies professionnelles graves comme la silicose, alors très répandue dans les mines.    Elle examine notamment les tensions entre les syndicats, les employeurs et les organismes publics autour de la gestion des risques professionnels ainsi que le fonctionnement des principaux rouages institutionnels de cette politique : les tribunaux du travail et les assurances publiques et privées. Une multitude d’intérêts, de compromis et de contraintes seront ainsi exposés : des médecins engagés pour la santé ouvrière mais soumis à la rigueur budgétaire de leur employeur ; des employeurs réceptifs à l’urgence d’adopter des réformes pour encadrer les risques professionnels mais peu enclins à en assumer les coûts ; des ouvriers et des employés alliés dans les confédérations syndicales mais adversaires lorsqu’il s’agit de réformes touchant aux risques professionnels, entre autres.   Le secteur minier revêt ici une importance cruciale : c’est là que les syndicats développent des projets créatifs pour gérer ce type de risque, que les missions médicales réalisent des études de pointe, et que s’installe la force des entreprises nord-américaines dont le management antisyndical et hiérarchique est hostile à l’intervention de l’État. Les sources internationales consultées révèlent la pertinence de ces entreprises, ainsi que l’inscription du cas chilien dans une sphère internationale de transferts et de circulations d’experts qui imprègne les politiques locales en matière de travail, de santé et de sécurité sociale.  Le corpus documentaire est également constitué d’articles de presse, de fonds d’archives judiciaires et d’une diversité de sources administratives, syndicales et patronales. Dans son ensemble, il met en lumière la manière dont les représentants des employeurs et des coalitions libérales-conservatrices parviennent, dans les années 1920, puis a fortiori durant la guerre froide, à façonner une politique caractérisée par une couverture fragile et une gestion qui finit par restreindre la capacité de l’État et des ouvriers à infléchir sur les questions de santé et de sécurité au travail.

Jury

  • M. Paul-André Rosental (Directeur de thèse), Sciences Po
  • Mme Maria Fatima Nunes (Directrice de thèse), Universidade de Evora
  • M. Paulo Drinot, University College London
  • Mme Marion Fontaine, Sciences Po
  • M. Martin Lengwiler, Universität Basel
  • Mme Angela Vergara, California State University, Los Angeles

Informations pratiques

Date(s)
  • Vendredi 27 janvier 2023 - 14:30
Lieu(x)
  • Visioconférence Les personnes souhaitant assister à la soutenance devront se rapprocher du candidat.