Résumé

Cette étude vise à analyser l’occupation longue de neuf ans de la colonie française de la Guyane par les Portugais (1809-1817), qui est un thème peu abordé par l’historiographie.  L’invasion et l’occupation sont considérées à partir des enjeux politiques français de la Révolution, du Consulat et de l’Empire, qui font basculer toute l’Europe. L’entrée des troupes napoléoniennes dans le Portugal a pour conséquence le transfert de la cour portugaise vers l’Amérique, et l’invasion ultérieure de la Guyane à partir de la capitainerie du Grão-Pará. Au cœur de l’analyse se trouve l’organisation des structures du gouvernement portugais dans les sphères juridique, fiscale et commerciale. La comparaison entre l’administration française et portugaise de la Guyane est le fil rouge de cette thèse, elle nous permet de dévoiler notamment les adaptations entreprises par les Portugais dans leur administration pour conserver et gérer leur conquête. Colonie atypique au sein de l’empire colonial français, notamment en raison de sa faible démographie, l’étude tient compte des effets de cette spécificité, ainsi que de la distribution inégale de la population sur l’ensemble du territoire guyanais. Dans cette recherche nous nous sommes également interrogés sur la nature des rapports entre les administrateurs portugais et cette population, et ce faisant la diversité et les spécificités et des groupes sociaux sont mises au jour. L’étude des normes et des conflits, ainsi que des différents types de liens et de réseaux unissant les individus appartenant à différents groupes de la population guyanaise jette une lumière nouvelle sur l’administration et sur la société locale avant et durant la période portugaise. La perspective de l’histoire sociale associée à l’histoire politique et économique a permis notamment de nuancer quelque peu les interprétations de l’historiographie qui dépeignent la Guyane comme un « pays misérable», montrant au contraire un considérable dynamisme et complexité des relations sociales et économiques.

Jury

• Mme Claudia Damasceno Fonseca (Directrice de thèse), EHESS
• M. Jean-Frédéric Schaub (Co-Directeur), EHESS
• M. Jean M. Hébrard, Johns Hopkins University
• Mme Céline Flory, CNRS
• Mme Laura de Mello E Souza, Sorbonne Université
• Mme Dominique Rogers, Université des Antilles
• M. Laurent Vidal, Université de La Rochelle