Soutenance de thèse
Le jardin, l'île et le mythe. Une ethnographie de l'indianité en Guadeloupe et d'une circulation des plantes et des savoirs (Antilles, Mascareignes)
De Lou Kermarrec - Centre d'études sud-asiatiques et himalayennes - Cesah
Résumé
La question des savoirs liés aux plantes, à l’environnement et au paysage n’est pas explorée dans les travaux sur la migration de l’engagisme indien (1834-1917) vers les îles créolophones des Antilles et des Mascareignes. De même, l’interdépendance entre le végétal, les dieux, les mythes et les cultes hindous n’est pas prise en compte dans les travaux sur l’hindouisme pratiqué aujourd’hui dans ces îles. A partir du cas de la Guadeloupe, je propose une analyse ethnobotanique des modalités de transmission des plantes et de leurs usages dans les familles d’origine indienne depuis l’époque de l’engagisme et une étude de la diffusion de ces plantes dans le paysage de l’archipel, sur un temps long. En mobilisant des sources ethnographiques, botaniques et historiques, je formule des hypothèses sur l’introduction de plantes par les engagés indiens en Guadeloupe (XIXe siècle) et par leurs descendants (XXe-XXIe siècles). Lorsque la relation au jardin et au paysage végétal, réel, mythologique et imaginaire, est insérée dans une chronologie étendue, elle permet de questionner et de contextualiser l’existence des savoirs indiens au jardin créole et celle d’une « indianité » en Guadeloupe. Les plantes structurent les rituels hindous et permettent d’interagir avec les dieux. En exil, les mythes, savoirs transmis oralement sur les dieux et le monde, deviennent des savoirs à part entière. La pratique des cultes hindous est abordée par l’angle de l’insularité et du lien entre les symboliques du végétal et la notion de sacré, à partir d’un vis-à-vis entre le cas de la Guadeloupe et ceux de La Réunion et l’île Maurice. Les échanges actuels entre les hindous de la Guadeloupe et l’Inde, les pays du Sud de la Caraïbe et les îles Mascareignes entraînent de nouvelles modalités de connaissance des plantes et de leurs usages. Ces échanges favorisent l’introduction de nombreuses espèces végétales qui se diffusent progressivement dans les jardins, dans le contexte d’une mise en contact des pratiques hindoues « créoles » avec la circulation de savoirs brahmaniques plus globalisés. La diffusion des plantes et la transmission des savoirs, à différentes époques, entre l’Inde et les îles des Antilles et des Mascareignes, façonnent une relation particulière au jardin, lieu d’intimité et de déploiement d’un être au monde singulier. La présente thèse est une tentative d’illustration du processus de créolisation, à partir de l’espace du jardin et des lieux de culte hindous, sous une variable particulière : celle de la temporalité.
Jury
- M. Michel Boivin (Directeur de thèse), CNRS
- Mme Laurence Pourchez (Co-Directrice), INALCO
- Mme Florence Brunois, CNRS
- M. Christian Ghasarian, Université de Neuchatel
- M. Appassamy Murugaiyan, EPHE
- M. Raphaël Rousseleau, Université de Lausanne
- M. Fabrizio Speziale, EHESS
Informations pratiques
- Jeudi 15 décembre 2022 - 09:30
- Les personnes qui souhaitent assister à la soutenance par visioconférence sont invitées à se rapprocher du candidat.